« Le 26 août 1839, à l’ouverture de la cession du Conseil Général, le préfet DUVAL prononça un discours qui faisait le bilan des travaux entrepris dans son département et disait à propos du cours Cambronne alors Napoléon :
Les constructions de façades et sur le même plan du Cours Napoléon commencées au siècle dernier, sont terminées. Cette promenade quoique un peu resserrée est assez remarquable et d’un bel effet… La longueur du cours Napoléon est de cent-soixante-dix-neuf mètres. Sa largeur entre les terrasses est de quarante-sept mètres : deux grilles en fer en ferment les extrémités.
On conçoit que l’étendue de cette promenade permet et exige même des plantations d’arbres à l’abri desquels les promeneurs trouvent un abri pendant les chaleurs ; mais elle ne comporte pas la présence d’arbres d’une venue aussi considérable que celle de l’ormeau. Ils y entretiennent, malgré l’élagage qu’on leur fait subir, une humidité permanente qui nuit aux propriétés et qui en a chassé les petits enfants de nos principales familles.
Un gardien continuellement en surveillance serait indispensable pour cette promenade »
Rétrospectivement furent installées des grilles extérieures qui ferment le Cours : rue Piron en 1829 d’après le dessin d’OGEE une haute grille de part et d’autre d’un portail de fer avec fronton, copie de celui du 8 rue de l’Héronnière restauré récemment, survécut aux bombardements de 1943 entreposé sur place, disparut dans les années 50 et demeure étonnamment introuvable !
Le même destin fût celui des grilles des parterres !
En 1832 fût posée une grille haute de part et d’autre des pavillons DRIOLLET d’un portail entouré par des lances en faisceau de Licteurs sur le plan de l’architecte DEMOLON.
Précédée de plusieurs études pour un aménagement complet intitulé « redistribution de la promenade », l’érection de la seule statue du Général Cambronne en 1848 sans celles de deux fontaines jaillissantes, de 4 statues, suscita de nombreux projets de substitution ou carrément de reconfiguration de l’espace central, à chaque fois sans aucune concrétisation.
« En 1857 : Un plan réalisé par l’Architecte-voyer CHENANTAIS est joint à un rapport de la commission des travaux Publics. Pratiquement conforme au plan de 1845 en ce qui concerne les parterres et la position de la statue. La Commission y a ajouté cependant quatre petits bassins semis circulaires, s’accordant parfaitement aux formes des parterres. Ainsi les fontaines embellissent la Promenade, animent la rigueur des façades par leur forme ronde et par le bruit de leur ruissellement. Ces ornements par leur forme semi-circulaire ne gênent en rien le passage puisqu’aucun ressaut ne fait obstacle du côté de l’allée. Mais les fontaines ne furent pas installées. Le Cours le Cours n’accueillera-t-il jamais de fontaine ?
Ce plan n’eut pas plus de succès auprès des élus que le nouveau projet présenté en 1875 par l’architecte paysagiste Noisette comme ceux de 1890 et d’AUBRY en 1908 !…. Et pourtant le Maire Gabriel Guist’hau, expose en 1908 son programme d’embellissement de Nantes : « Messieurs après les nombreux sacrifices faits pour les travaux d’ordre utilitaire et dont l’exécution s’imposait en première ligne à Nantes, nous avons pensé que l’heure était venue de faire une part à des ouvrages d’un caractère plus esthétique et de multiplier les fontaines, les œuvre d’art, les coins de verdure dont les grandes villes nous paraissent plus richement dotées … »
« … En fait le Cours ne subira aucune transformation importante et en 1908 le Sous Secrétariat d’Etat aux Beaux-Arts offrit à la municipalité quatre vases de la manufacture de Sèvres vert d’eau, hauts de 1m95 destinés précisément à être installés sur le Cours pour les quels l’architecte LERAY fit une étude de socles. « Mais curieusement ces vases ne furent pas installés Cours Cambronne. On en retrouve deux Square de la Bourse début XXème puis l’un deux lors de l’exposition du Vert Nantais en 2002… » Disparus, disséminés ils ont été retrouvés par l’APCC en 2019 !
1912 le développement de la plantation de tilleuls détruit le caractère architectural du Cours. Décisions : – rabattre les tilleuls en les élaguant à 5 mètres – redonner aux tilleuls une forme qui s’harmonise avec le cadre formé par les immeubles – prendre pour modèle le Palais Royal – faire étaler l’ombre des arbres sur la promenade – ôter l’ombre des parterres latéraux pour qu’ils aient plus d’air et de lumières…. » Après plusieurs années d’oubli ce principe de taille a été repris en 2021.
« … Au cours de ce XIX°, et du XX°, on a ressenti, de nombreuses fois un sentiment d’inachevé, ce qui généra les nombreux projets, incluant pratiquement toujours, logiquement des fontaines que l’on a vus, dus à des architectes de renom et de talent, mais ils restèrent toujours dans les cartons. On ne fit que des retouches ; que l’on peut toujours appeler des petits liftings.
Car, jamais quelqu’un n’osa véritablement s’attaquer au problème.
Ce qui fait de notre Cours : une promenade perpétuellement inachevée !
En deux siècles, que de projets enterrés.
Décidément le Cours Cambronne est bien mal-aimé !
Ne serait-il pas temps, 160 ans après ce constat par les élus de l’époque et deux siècle après sa conception, de lancer un vrai projet d’études pour le Cours Cambronne ? Une lueur d’espoir à la lecture du PSMV version 2017 »
Gérard Pompidou
auteur de « Graslin un homme, son œuvre, son quartier »
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